Chers lecteurs,
Si je ne vous ai pas écrit depuis mars, c’est parce que ces derniers mois Slow Jane s’est lentement muée en une moitié de Fée - et que l’éclosion est tout juste en train de se produire.
Je m’explique. Il y a une dizaine d’années je faisais partie du groupe de musique d’HEC et j’y ai rencontré Charlotte (aka l’autre moitié de Fée, vous allez comprendre !). Nous avons beaucoup chanté toutes les deux, à l’occasion des galas et autres soirées du mercredi soir au bar de l’école, mais sans beaucoup d’ambition artistique à l’époque - on s’amusait à reprendre des classiques de Stevie Wonder, des Beatles, des standards de jazz… en duo. Je ne crois pas trop m’avancer en disant que nos voix se complétaient : ses références musicales à elle donnaient à sa voix une puissance, un groove auxquels ma voix, que je qualifierais sans doute de plus droite, s’accordait bien.
L’été 2020, Charlotte m’a envoyé un texte qu’elle avait écrit en français, intitulé “Avant-hier”. Moi qui avais toujours écrit et chanté en anglais, l’idée d’emprunter ses mots et de les mettre en musique m’a séduite. C’était plus facile, moins risqué que d’essayer d’écrire les miens propres dans cette langue maternelle qui m’effraie un peu et j’ai aimé l’exercice. À ce stade, j’avais dans l’idée que cette chanson, c’était la sienne, que c’était pour elle que je l’avais composée sur ses mots.
Quelque temps plus tard, au printemps 2021, Charlotte m’a envoyé d’autres textes, parmi lesquels trois m’ont particulièrement “parlé” : “Plus de vacances” (d’abord intitulé “T’aurais pas dû le quitter”), “Rêver sur les bords” (que j’ai reçu “Sans titre”) et “Mal de mer”. À nouveau j’ai essayé d’entendre des mélodies et j’ai eu la chance qu’elles lui plaisent. Ces chansons sont venues par bribes : à chaque fois, j’attrapais un morceau de refrain, une ligne mélodique et je tirais le fil comme pour faire émerger une forme qui avait toujours été là mais qu’il aurait fallu déterrer. J’ai rarement eu ce sentiment en composant mes propres chansons ; le fait de partir d’un texte déjà écrit, déjà structuré était nouveau pour moi et j’ai adoré ce sentiment de partir à la recherche de la “bonne” mélodie.
Par imprégnation, ayant travaillé sur les textes français de Charlotte pendant tout le printemps 2021, à l’été 2021 j’ai moi-même écrit ma première chanson en français, “Minorque”.
Avec tout ça, nous nous sommes retrouvées Charlotte & moi, à la tête de cinq titres. Petit à petit il est apparu que ces chansons allaient prendre la forme de duos, que nous allions les chanter toutes les deux. Pendant tout l’automne et l’hiver 2021-2022, j’ai travaillé sur des maquettes instrumentées. Il y avait nos voix, des guitares, des claviers, des percussions, une basse… le tout instrumenté d’une manière assez proche de celle sur laquelle je travaillais pour mes chansons estampillées Slow Jane. Mais quelque chose clochait, nous sentions que nous n’étions pas au bout du travail sur ces titres, sans savoir au juste quelle direction prendre.
Extrait de la maquette de Mal de mer (novembre 2021)
Cette direction, c’est Daniel Yvinec qui nous l’a apportée. Nous avons commencé à travailler avec lui à l’automne 2022 après un hiatus de quelques mois pendant lequel j’ai écrit, composé et enregistré les premières versions de plusieurs titres du futur album de Slow Jane (je vous en dis plus à la fin de cette newsletter !). Daniel est contrebassiste de jazz et directeur artistique. À l’écoute de nos maquettes, il nous a conseillé de dépouiller nos chansons de leur instrumentation pop pour en faire des titres plus acoustiques. De faire en sorte de pouvoir approcher sur scène l’instrumentation des titres studio, et donc de la concentrer sur nos deux voix, un piano (joué par Charlotte) et une guitare acoustique (bibi). Nous avons donc passé l’automne 2022 et l’hiver 2022-2023 à repenser les morceaux pour qu’ils se tiennent sous cette forme, notamment en renforçant les harmonies vocales, et c’est à ce moment-là que nous avons réellement commencé à les jouer et les chanter ensemble. Le projet a vraiment pris corps pendant ces sessions, où nous avons appris à nous écouter, à nous caler l’une sur le jeu de l’autre, l’une sur la voix de l’autre. Notre duo s’appellerait Fée.
En mars, nous étions arrivées au bout de ce processus et nous avons enregistré les cinq titres sur deux jours de studio. Nous l’avons fait sans casque, en nous écoutant “en vrai”, presque comme si nous n’avions pas été en studio et que personne ne nous écoutait. Nous avons ajouté ici une basse, là un clavier, en discret overdub. Le jour suivant, nous avons tourné dans ce même studio des “live sessions” pour 3 titres de l’EP, et une interview de présentation du projet.
Et enfin il y a 10 jours, le 7 juillet, après un chemin de près de 3 ans, nous avons sorti le premier titre de cet EP, “Mal de mer”. Le reste de notre EP est prévu pour fin septembre, et nous tournons un clip à la rentrée au bord de l’océan.
Pochette : Simon Samama
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Photo : Adrien Talal
Bien sûr, Slow Jane continue d’exister en parallèle ! Et je pense même que j’y mets à profit ce travail de composition pour Fée, qui m’a beaucoup appris. Je travaille sur un deuxième album qui, je l’espère, sera donc plus abouti que le premier, et verra le jour d’ici peu (de mois ?). D’ailleurs, dans la lignée de “Minorque”, j’ai écrit deux autres textes en français qui devraient se trouver sur mon futur album: “Tiramisu” (que certains d’entre vous connaissent déjà pour m’avoir entendu la chanter en concert) et “Bleu surf” (dont les paroles m’ont donné beaucoup de fil à retordre - oh les heures passées le crayon à la main en terrasse !…).
Et pour vous le prouver, vous trouverez dans la prochaine édition un extrait inédit de l’une des prochaines chansons de Slow Jane, alors stay tuned.
Bonnes vacances aux aoûtiens, et à bientôt pour une prochaine édition ! Je vous laisse avec trois chansons d’amour : un nouveau titre de Victor Mechanick, un entêtant titre indé sorti des tiroirs et une belle ballade électro-acoustique du français Saint DX. À écouter on-repeat devant sa fenêtre en regardant tomber la pluie.